Festival Voix Vives בחיבור וירטואלי

Insolite

Le festival Voix Vives contraint de s’organiser aussi à distance

La crise sanitaire a bousculé l’organisation du festival de poésie Voix Vives, l’une des poètes israélienne n’ayant pu faire le déplacement.

La 23e édition du festival Voix Vives aura décidément été synonyme de nouveautés. Outre l’adaptation des différentes manifestations poétiques aux consignes sanitaires liées au Covid-19, le festival propose également des conférences virtuelles.

La poète israélienne Hava Pinhas-Cohen aura tenté jusqu’à la dernière minute d’embarquer sur un vol à destination de la France. C’est finalement depuis chez elle, en Israël qu’elle participe aux Voix Vives.

« C’était très important d’y participer malgré tout, parce que c’est une excellente opportunité de voir du public et de rencontrer d’autres poètes de la région méditerranéenne », se réjouit Hava Pinhas-Cohen.

Il a ainsi été décidé que la poète animerait certaines rencontres du festival par visioconférence. « Les Voix Vives permettent d’aller à la rencontre d’autres langues, bien qu’enfermée », précise-t-elle. « Je fais de mon mieux pour ne pas rester dans la position passive dans laquelle le Covid-19 m’a plongée. » Poésie plus personnelle

Son vécu, Hava Pinhas-Cohen l’évoque dans ses poèmes, largement inspirés « de ses aventures ». « Mes cinq premiers recueils évoquaient ma vie de famille et les décès de mon père et mon mari. Les suivants traitaient de paysages, d’amour et de dialogues », confie la poète.

La culture méditerranéenne reste néanmoins omniprésente dans sa poésie. « Cette culture est imprégnée des langues latines, de la mythologie grecque, de la tradition culinaire et de la mer », témoigne-t-elle.

Hava Pinhas-Cohen se dit aujourd’hui « très reconnaissante d’avoir pu participer aux Voix Vives à distance grâce au lien permanent avec les organisateurs du festival ».

Face aux nouvelles mesures de restriction imposées en Israël durant les week-ends en raison de la crise sanitaire, la poète s’arme de patience. « Chaque nouvelle journée apporte son lot de consignes, alors nous changeons progressivement notre manière de penser et de vivre pour s’adapter. » Si le Covid-19 a eu raison de sa venue à Sète, la poète ne perd toutefois pas espoir de pouvoir venir en France prochainement, « pour remercier ceux qui [lui] ont tant appris ».

HAVA PINHAS-COHEN : FESTIVAL VOIX VIVES/Français

( numérotation entre parenthèses correspond à celle de l’hébreu)

בתרגומו המופלא של: מישל אקהארד אליעל

Samson

A minuit je l’ai vu monter à l’est de la montagne

montant sur la montagne et les portes d’une ville hostile  plus large que sa taille

encadrent son gigantesque  corps  le cou tendu vers avant

ses yeux plongent dans le paysage sur le chemin

il a un gout de femme sur la langue.

Que désire son âme : le miel  de sa bouche, les lacs de ses yeux pour se réveiller à son flanc

Il laisse à minuit le lit chaud de son corps  les portes de la ville sur son dos.

Eveillé à minuit sur sa couche il embrasse sa bouche et ses seins

A corps et à cri dit : je reviendrai, et il s’en va. La lavande parfume sa peau,

l’huile d’amandes ses reins, ses cheveux sont dans  les siens

ils volent sous la brise de minuit, les portes de la ville sur les épaules

s’ébranlent et réveillent les gazelles des champs.

Elles sont effrayées de voir telle créature velue sur les adrets

à l’opposé des sources. Le géant seul grimpe sous le regard des des champs

la voie est libre, les verrous de la ville ouverts: il porte la ville redoutable sur les épaules.

(2)

Tout commence à l’extrémité

Tout part de la pointe du pied

du talon à la cheville

de l’extrémité de mon corps, il a commencé à m’aimer,  relevé ma robe et découvert le mollet,

comme s’il était une oeuvre d’art, une invitation au voyage qui part du corps

et va vers l’âme  il montait vers le haut de  mes hanches

à l’intérieur de ses faces cachées, là où il n’y a pas de différence

entre le plaisir et la douleur, le pur et l’impur, entre la vie qui commence et celle qui s’achève.

Aujourd’hui le coton ou la soie recouvre des chevilles  moins vives

remplies de l’eau et de sang toutes bleues et maladives

il ne verra plus la jambe en sa splendeur

le genou

la cuisse tendue

Elle  dit à l’extrémité de son corps d’être prête au changement

il y a une vie dans la vie pour parler du dedans, quelque chose peut-être s’achève

et bouge de la pointe du pied vers le haut cacheté d’un sceau

les pas se referment à l’intérieur des muscles des pas qui n’ont pas encore

pris de chemin et ont réduit mes pieds

à ce que je suis ou ne suis pas

(3)

Le voyage est une maison      

1.

Quand j’ai essayé de te dire que le temps passe et que bientôt nous serions seuls, je ne serai pas, le jeune cheval

qui a conduit l’homme en manteau vert la corde attachée au col

a compris que je suis celle qui passe sur la face du temps

moi dont le voyage est la maison , dans une valise rouge j’ai rangé

un ordinateur, du linge, un soutien-gorge, une chemise, et une paire de chaussons

pour suivre l’éloignement des pas

2.

Je ne précise pas le jour, c’est le jour je suis allé

le long de la plage trouver un pêcheur dont la moitié du corps

était plongé dans l’eau

les deux mains  ouvertes vers la mer agrippées au  filet,

c’est une maison dans le papillonnement  qui se dirige vers la plage

proche du frémissement

de la substance du bleu.

(4)

Hosanna             

Ce calme fait de voix des oiseaux du matin

Ce silence du vent recueilli dans les branches du palmier

Ce silence où résonnent les gouttes d’eau du robinet

Ce silence avant d’allumer la radio, de démarrer la voiture

Ce silence avant que la cime des montagnes ne s’irise

Ce silence d’avant les mots qui séparent la langue du souffle

Le silence avant que ne soit connu ce qui se désagrège et se sépare

Et les voix des enfants dans le lit maternel le rire assuré du présent

Ce silence du matin généreux et rassurant

Comme si la guerre ne guettait pas derrière les palmiers, au-delà de l’automne

Cependant que quelques morts sont comptés comme s’ils étaient une nécessité  ou une partie de ce silence

Et que nous préparons nos repas et accueillons les invités

On rassemble la couronne de lumière au-dessus des arbres

Pour qu’elle arrête le bruit de la fracture irrémédiable,

Celle qui épaissit  le silence d’une pièce vidée de tout.

Dans le tremblement, un silence

Un saignement captif du corps.

(5)

Qu’est ce qui l’a poussé 

Qu’est ce qui l’a poussé à laisser le livre sur le tapis

et à courir dans tous les sens les mains levée les lèvres murmurant

comme s’il savait quelque chose que je ne saurai jamais

et entendre des voix que je pourrai jamais voir

Qu’y a-t-il dans ce regard aigu et innocent

qui éveille en moi une frayeur

que je n’ai jamais connue.

(6)

Les pleurs d’un enfant de six ans       

Je me suis levée j’ai lavé mes jupes, accroché sur les cordes à linge

une robe blanche et une chemise bleue pour que  le vent d’Ouest les  sèche plus vite.

Puis j’ai lavé la vaisselle qui a transformé l’évier en mots désuets

balayé le sol, et  j’ai posé une casserole

sur le feu remplie d’une soupe de légumes et de gruau

J’ai fait mon possible pour planer au- dessus du temps

et ne pas ressentir l’écorchure profonde

que les pleurs d’un enfant de six ans ont plongé

dans l’âme.  C’est une écorchure

qui ne se cicatrise pas, elle est soudée

aux pleurs entre les cotes

et le cœur.

Mon expérience me dit

que la soupe, pour une fois, sera salée.

(7)

Faire semblant    

Un  temps qui ne trouve pas de place  dans l’agenda électronique

ni dans tout autre agenda. Une heure  passée

dans un restaurant italien  au cœur de Tel-Aviv

un temps qui n’a pas de place ou de marque

un vide blanc entre les lignes

entre une salade grecque

et un café turc

Un enfant de trois ans dit, regarde,

mon chien, c’est un faux

(8)

La chaise vide et le mur       

Le matin est à son apogée, le soleil raccourcit son ombre 

Yona m’a dit à Richikesh, je te retrouverai après dix heures près de la déesse Ganga ce n’est qu’alors que le jour se réchauffe.

Quand le soleil quitte les montagnes, je plie le linge, lave la vaisselle d’un ancien repas, j’arrose les plantes, perchées de la fenêtre sur la rue,

un géranium grimpe, un autre debout, un œillet, une plante verte et des cactus, je remets des livres sur l’étagère, plie des vêtements dans l’armoire, mais ce n’est que lorsque l’évier est vide, nettoyé des restes de nourriture et que le vent soulève le linge,

 c’est alors que sur la chaise près de la table de cuisine s’immobilise le vide antique, celui dont je suis la seule à me souvenir et que je remplis.

Toute personne qui entre la regarde comme si c’était juste une chaise à bascule  vide, il la tire vers le mur, le bois vide résonne contre le mur

je sens alors un tremblement invisible sortir du ventre de la terre,

il secoue toutes les lettres des livres et des mondes refermés sur le corps des choses, alors seulement j’attrape la chaise et monte sur elle comme si elle était pleine, je commence à remplir de lettres et de lignes la maison et ce papier.

(9)

Poèmes du jardinier        

1.

Le jardinier et les pommes me font sortir de la Poétique

des  épine et des oranges, ils m’apprennent une autre langue

même le ciel

d’autres dieux

un dieu généreux

Cachés  un jardin et un jardinier, même s’ il possède une brouette et un entonnoir

et des graines en sachets dans un tiroir de table en bois dans la remise.

Comme la joue d’une jeune femme d’un tableau de Vermeer le passage du vert clair

presque jaune vers le rose tendre qui conduit à un autre vert à travers du blanc,

tu sens les poils du pinceau dans la couleur humide et la recherche du renouveau

c’est alors que jaillit la lumière

sur les taches de la pelouse le tapis  se déplie vers leur chute

Tout est là pour de bon, une cavité presque invisible

sur la pelouse, une torsion de l’herbe

vers ce qui tombe sur elle.

Tout est présent pour que j’oublie.

Un écureuil viendra

il glissera sur l’arbre

à pas de serpent.

(10)

2.

Pommes de novembre

Novembre a fait tomber les dernières pommes de l’arbre

une fumée tendre flotte, comme l’odeur de pipe de mon bien-aimé

Brindilles et  feuilles sèches du jardinier

 une lettre brûlée :

« Déambule dans ton sommeil

viens au coin du jardin »

Le feu a jailli de la maison, en dehors du temps extérieur

Fièrement J’ai tendu la main

pour réchauffer le bout de mes doigts

Un geste que j’ai appris des aveugles

et de ceux qui reviennent

(11)

Pays

Comment le dire

mais ça ressemble dedans à un utérus en forme de poire

un pays enfoui dans un autre qu’on ne peut

extraire seulement voir

sortir de ses entrailles  le vrai

le seul que la vérité peut produire

il possède deux faces une progéniture et chaque jour

à nouveau je cherche son visage annoncé :

tantôt c’est une femme vêtue de noir un paon,

accroupie à l’entrée du marché sur un panier

de raisins secs elle a la voix rugueuse ( étrangère ?)

et la longue patience des terrasses de montagnes,

elle vend pour une poignée de pièces.

Tantôt, elle apparaît comme deux enfants (juste avant la Pâque)

pendus dans la cour aux branches d’un néflier,

dans cette arrière-cour ombragée

par un casuarina, un citronnier et un mandarinier

dont nous avons connu le bienfait.

Parfois aussi tu ne sais pas comment

un pays détourne son visage

en te disant : « Va, cherche ! »

Faut-il lui dire :

« Où est ta compassion ? »

(12)

Quand mes créations font de la poésie   

    

Il me manque la forme et l’image

comme une pelote enchevêtrée

dont la main dévide et tire le dernier fil

pour faire signe de là-haut

Des hanches serrées m’enfoncent à terre

et ma bouche prête à parler, se tait quand tu parles,

dans ton silence,  entendras-tu  ce qui est sous ma langue ,

la frayeur d’un jeune faon

qui tourne le dos au regard

Comment est-ce quand mes créations disent la poésie

après avoir donné les premiers fruits nous sombrons

dans un océan  d’oubli et de bien d’autres choses.

(13)

Ecoute                                                 

Ecoute

Israel je dis

Tu restes silencieux

des oreillettes japonaises à tes oreilles

distillent une musique aussi douce

qu’une halwa turque

nappée de raisons secs et de cannelle.

Ecoute Israel je ne prononce

pas le Nom ineffable je prie la pluie

pendant que ton sourire regarde l’infini intérieur.

J’ai appris à dire à l’amour : dors ici cette nuit

le Messie arrive, il a la forme d’un  taureau bleu,

demain j’ouvrirai la fenêtre pour que

tu t’envoles comme un oiseau.

(14)

C’est ainsi                                                               

Rêver de l’un                    Et dormir avec un autre

Pénétrer l’esprit              Et ne connaître que la chair

Semer                                Et offrir préparer les mains de la                 

                                                                                            pietà

Allaiter de son lait           Et respirer le sang versé

Dresser une table            Et sentir une odeur de friture

Être sur une montagne   Et entendre sa voix dans la mer

Sortir d’un port                Et apercevoir le désert

Bâtir une maison              Et songer à la détruire

                    Publier un livre et savoir qu’il sera oublié

                             Te regarder dans les yeux

                             Ton retour à la demeure

                                  Ton départ de toute

                                           demeure

(15)

Euro Arabia, voyage imaginaire

2.

Can you tell me

Can you tell me where is the bus to the Airport

J’ai interrogé le propriétaire du kiosque à la gare centrale de Bratislava

Pas anglais. En Slovaquie on parle slovaque.

Il ne m’a pas vendu  de l’eau un jour de pluie.

Au déjeuner à Bratislava la route plane

au- dessus  du trou noir de la synagogue le quartier juif  n’existe plus,

qui se souvient ?

On dit que la Slovaquie n’a pas de problème démographique,

nous n’avons jamais eu ici de réfugiés ici,

mais il persiste dans l’air  des relents

qu’il est difficile d’évacuer

(16)

4.

Sur l’autre rive du Danube violet en Roumanie

entre Kladovo et Shabatz d’où ont fui les réfugiés en 1939

vers  l’est  où fuient les réfugiés aujourd’hui.

Arrêtés par les navires de guerre britanniques ils ont été reconduits aux crématoires.

(au jardin d’enfants nous avions appris que le rouge avec du bleu ça fait du violet)

En ce temps-là, le soleil était froid, le sang gelé dans le Danube, mais le mimosa fleurissait.

A présent c’est le printemps entre les champs de blé et les champs de pommiers,

Stefan le moine me conduit dans son grand van à l’aéroport,

nous parlons de tout en trois langues et quatre mains jusqu’à ce que

Stefan, avec sa belle  barbe noire, se range sur le trottoir sur les ordres d’un policier, il passe la tête dans la cabine du chauffeur comme s’il regardait par un trou de serrure,

il interroge dans une langue inconnue mais que je comprends, « Y a-t-il des syriens sur la banquette arrière ou dans le coffre ? »

Il n’y avait pas de Syriens, mais il y avait une juive,  perpétuellement en fuite.    

(17)

8.

Promenade de shabbat après-midi nous avons traversé le grand fleuve en direction d’une ville  qui s’étire entre une cathédrale, un château et une forteresse

sièges royaux et boutiques à la mode et des travailleurs étrangers de différentes couleurs.

Au rayon lingerie du magasin  H & O  une cliente interpelle la vendeuse en arabe parlé, elle essaie sous le voile

un string et un soutien-gorge à rayures de tigre.

Dans la synagogue la prière en traduction simultanée est en russe,

pas d’hébreu ou d’allemand, le kaddish est encore dit en araméen.                                                                                                                                                                             

(18)

La vallée en face la montagne

J’ai couru vers le figuier à l’écart des autres

prodigue de son  miel, il m’ouvrait la porte d’un monde

et j’entrais dans le corps de l’amour.

Chaque matin, je le cognais comme le sagace pivert

chuchotant comme les animaux nocturnes du taillis,

quelqu’un qui viendrait se nourrir de l’oubli.

Il me parla un jour d’un figuier blanc

planté au bout des terres du moshav,

chaque mois d’Av en été il donnait son miel.

Tout le temps de sa vie il attendait l’été.

(19)

Rétrospective

Regarder en arrière

pour réaliser tout ce que nous avons fait

tout ce dont nous nous souvenons

sans indulgence

une rétrospective

un regard qui mérite la mort

Oter la chaussure de cuir du bien-aimé

c’est inviter son corps

à danser pieds-nus sur le sable, et nager,

dévoiler l’infinie solitude de son corps.

(20)

Au rythme de l’amour

Que voulais-tu me dire en partant,

l’absence éclaire t elle l’obscurité qui nous sépare.

Où suis-je dans tout cela ?

Ta main frappait le rebord de la fenêtre

où reste ouvert le livre des jours, il compte

le rythme des respirations où résonnent les nuits,

elles prennent de mes mains le nouveau-né inconscient

 en lui disant, tu es moi, et le poussant ailleurs,

 entre une ville et une route qui descend vers le désert

au rythme de l’amour.

שם מפורש/ An Ineffable Name / לאישה הנעדרת בפרשת יתרו

שֵׁם מפורש

כֻּלָּם כְּבָר הָלְכוּ אֶל הָהָר וּמְחַכִּים
מְחַכִּים לִרְאוֹת בְּשֶׁקֶט רַב מְחַכִּים
שֶׁלֹּא כְּמִנְהָגָם גַּם הַחֲמוֹרִים גַּם הַגְּמַלִּים
בַּשֶּׁקֶט הַזֶּה צִפּוֹר לֹא צִיְּצָה
גַּם יְלָדִים עַל כִּתְפֵי אֲבוֹתֵיהֶם,
וְהַשֶּׁקֶט רַב מִנְּשֹא כְּמוֹ לִפְנֵי דָּבָר
נוֹרָא וְגָדוֹל וַאֲנִי עוֹד רָצִיתִי
לְהַסְפִּיק וְלִתְלוֹת אֶת הַכְּבָסִים
לַעֲשׂוֹת זְמַן לְעַצְמִי לְתַקֵּן רֵיחוֹתַי
וְחִמַּמְתִּי אֶת הֶחְָלָב לַתִּינוֹק שֶׁלֹּא יִרְעַב
שֶׁלֹּא יִבְכֶּה חָלִילָה בָּרֶגַע הַלֹּא
מַתְאִים כַּמָּה זְמַן עַד כְּלוֹת. הַצִּפִּיָּה
שֶׁתִּתְיַבֵּשׁ הַכְּבִיסָה וְהַתִּינוֹק מָה
אִישׁ לֹא יָדַע
וַאֲנִי רָאִיתִי שֶׁרוּחַ קַלָּה, כְּמוֹ נְשִׁימָתוֹ שֶׁל אִישׁ יָשֵׁן עָבְרָה
בַּכְּבָסִים וְנִפְּחָה כְּרֵסָהּ
שֶׁל כֻּתָּנְתִּי וּמַפַּת הַשַּׁבָּת
הָיְתָה מִפְרָשׂ לָבָן בְּאֶמְצַע הַמִּדְבָּר
וְיָצָאנוּ מִשָּׁם עַל הַתְּכֵלֶת
הַרְחֵק לַמָּקוֹם בּוֹ

נִפְרֹט רִמּוֹנִים וְנֹאכַל עֲסִיסָם
לַמָּקוֹם בּוֹ
לָאַהֲבָה
שֵׁם מְפֹרָשׁ

An Ineffable Name
(translated by Sharon Green)

Everyone had already gone up to the mountain and was waiting

waiting to see, waiting with great stillness

that is so out of character, even the donkeys and the camels

are immersed in the quiet, no bird chirps

even children on their fathers’ shoulders,

and the tremendous quiet is too much to bear like before

a great and horrible event yet I still wanted to

hang up the laundry

and leave time to adjust my fragrance

and I warmed the baby’s milk, so he wouldn’t be hungry and

start to cry, heaven forbid, at the

wrong moment, how much time ‘til its over. I expect

the laundry will dry but the baby who knows.

No one knew

and I saw that a light wind, like the breath of a sleeping man, went through

the laundry and inflated the belly

of my nightgown and the Sabbath tablecloth

was a white sail in the middle of the desert

and we departed from there upon the pale blue

far away to a place where

We’ll crack open pomegranates and suck their juices

to a place where

love

is an ineffable name.

Love Poems of a young woman

Sharon Green translated this two love poem from my first Poetry book to English. They will be published in Syracuse University Press 2015 .

  • Henry Moore

    After a while they are no longer bodies but spaces.

    When bodies touch one another and sweat has a smell

    and when black hair is tangled with

    other hair, and when fingertips encounter

    wrinkles, then ancient currents pass through

    these spaces and the weight of my body

    pulls me down on all fours, then Henry Moore knew

    me. Without make-up. Innocence, that’s a luxury

    for the rich. And experience, it’s a question of attitude

    Then, we are truly consoled.

    A Void

    He fell, not like a slow falling leaf

    He left a void behind him:

    –that’s how it’s said in spoken Hebrew

    This void is a hole causing cramps in his mother’s womb

    He had such a heavenly name:

    Alon Ben-Shachar.

    All the warmth that they gave him

    Went up in smoke, they thought it would protect him, at least

    Like a bullet-proof vest that offers protection for the future

    But it betrayed him and vanished.

    Nana Ben-Ari said that every night

    When she tucks in her four sons

    She counts them and never escapes

    The feeling that each white sheet is not

    Just a cloth, or a blanket, or a home.

    The activity answers back to her

    That perhaps it’s forbidden to waste the white color

    Each night, as if it’s an obvious thing.

    Every night is like snails dragging a house

    Full of painful thoughts.

    Misery can be singular or plural

    What place does it occupy when talking about

    The void

    It’s sealed in cinder block and cement

    Another purpose

    For an old house.